Ce soir, sur France 2 SuperSarko contre Le Pen
C'EST le ministre le plus médiatique du gouvernement. Pourtant, il éprouve encore le besoin de s'expliquer. Nicolas Sarkozy, à l'activisme et aux interventions tous azimuts, veut faire de l'émission « Cent Minutes pour convaincre », ce soir sur France 2, le « grand rendez-vous de synthèse » de son travail place Beauvau. Car Sarko le dit sans rire : « Je n'ai pas assez communiqué jusqu'à présent. » Un comble pour celui qui apparaît quasi quotidiennement dans les journaux et sur le petit écran : un jour au côté des pompiers, un autre avec les sinistrés, le lendemain à Londres pour y dénouer la crise de Sangatte. Sans compter ses coups de griffe, à intervalles réguliers, contre Alain Juppé, son rival supposé dans la course à l'Elysée 2007.
« C'est Raffarin qui fait monter Sarkozy »
Pour sa première grand-messe audiovisuelle, le numéro deux du gouvernement veut donc détailler sa « méthode » et « mettre en perspective son action » : « Je trouve intéressant de tirer un premier bilan au bout de sept mois », confie-t-il. Et comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, il devrait en profiter pour commenter la « baisse spectaculaire » de la délinquance en France et à Paris. Sarko se réjouit surtout de « se taper », comme il dit, quatre mini-débats : contre l'ancienne ministre PS Elisabeth Guigou, le leader nationaliste corse Jean-Guy Talamoni, le président du FN Jean-Marie Le Pen et le porte-parole des Motivé(e) s, Salah Mokrane. Entre le « succès de Sangatte » (selon Lang), le couac des Roms du Val-de-Marne et le tollé des prostituées, les sujets ne vont pas manquer pour animer ces confrontations. Devenu en quelques mois le ministre le plus populaire du gouvernement, Sarko commence aussi à agacer, y compris à droite. « Il en fait trop », murmurent des chiraquiens, citant notamment le dossier Corse. L'ancien maire de Neuilly s'en « fiche » : « Quand on me reproche d'agir trop, les Français, eux, entendent le mot agir. » Et de révéler à propos du regroupement des prisonniers corses dans l'Ile de Beauté : « Chirac m'a dit T'as raison, on aurait dû le faire plus tôt. » Lui fait-on remarquer qu'il prend beaucoup de place ? Il s'agace : « Mais que les autres ministres prennent la parole ! » Et de viser (sans les citer) Dominique Perben ou encore François Fillon. En réalité, la plupart des membres du gouvernement sont bluffés. Au point de venir le voir pour quémander des conseils de com : ce serait le cas de Noëlle Lenoir, Roselyne Bachelot et Luc Ferry. Malin, Sarkozy n'a pas, en revanche, de mots assez aimables pour le Premier ministre. « On se téléphone tous les matins et tous les soirs avec Jean-Pierre. Et on dîne ensemble tous les quinze jours avec nos épouses », confie celui qui a longtemps rêvé d'occuper l'hôtel Matignon. Raffarin, lui, ne s'inquiète pas trop de cette omniprésence médiatique. Il dit se réjouir « sincèrement » de la réussite de son ministre de l'Intérieur. Un ami du Premier ministre juge d'ailleurs que la cote de popularité des deux hommes n'est pas liée : « C'est Raffarin qui fait monter Sarkozy. Pas l'inverse. » |